(tell me what it’s like to burn)

(oh darling, even the stars must burn)

« Summer ? C'est Lena.. Pitié prétexte une urgence, ou je crois que je vais saboter moi-même ce satané rendez-vous ! Si tu voyais à quel point, il est condescendant et.. Ennuyeux ! » Les petits rires futiles, laissent désormais place aux reniflements agacés. Silena se fiche éperdument de savoir quel chiffre d'affaires se pâment sur les feuilles de comptabilité de l'entreprise de monsieur. Ce dîner est un véritable calvaire. Et la jeune femme se fait violence afin de retourner à sa table. Pourtant, la belle prend encore quelques instants de répit après avoir raccroché avec son amie. Le couloir du restaurant, qualifié « d'incontournable et quasiment impossible à la réservation » par son partenaire de ce soir, lui promulgue un instant essentiel quant à la reconquête de sa santé mentale. Un brin de sérénité qui ne sera que de courte durée. « À moins qu'en plus d'être ennuyeux, ce pauvre gars est stupide, bon courage pour lui faire gober l'histoire du chien de grand-mère qui vient de passer l'arme à gauche. Mais entre nous, la pro de la condescendance, c'est vous.. » Cette voix provenue des méandres de l'obscurité, parvient à lui hérisser le poil. Et sans aucune délicatesse, la Rhodes se retourne en direction de cet interlocuteur impromptu. Dans un raclement de gorge, visiblement destiné à lui faire relever le regard de son cellulaire, la môme emploie une attitude tout à fait décontractée dans le but de faire valoir son avis. « Je vous demande pardon ? En plus de votre attitude tout à fait arrogante, je ne vous ai jamais demandé votre avis. » L'odieux personnage ricane et ses opalescentes détaillent en toute impunité la silhouette de la gamine qui lui fait face. Cette désinvolture déplacée parvient tout juste à attiser le courroux, déjà bien présent, de la jeune femme qui serre des poings. « Il ne faut pas parler aussi fort, si on ne veut pas attirer l'attention. Sur ce, bonne soirée, mon ange. » Et l'éphèbe s'en va, sans crier gare, l'air de rien. Encore estomaquée par cette rencontre pour le moins horripilante, c'est à bout de nerfs que Silena rejoint son rendez-vous. Tout en plaquant un sourire de connivence, plus ou moins crispé sur son faciès miellé, la jeune femme laisse son regard vagabonder dans la salle. Avec une attention toute relative pour son vis-à-vis, c'est sans grande surprise que ses iris s'arriment à celles goguenardes de son acolyte de pénombre. Et comme désespérée par cette soirée fatidique, l'insouciance s'empare peu à peu de son être. Un sourire narquois se dépeint en réponse sur ses lippes, tandis qu'en un jeu de jambes, de la peau est découverte plus que nécessaire. Un jeu de dupes s'instaure dès lors entre ces deux âmes égarées. Mais c'est sur l'homme qui dîne avec elle que son attention doit se reposer, lorsque ce dernier lui parle enfin de l'affaire qui l'intéresse depuis le début. Toutefois, cette minute d'inattention sera bénéfique pour que le fanfaron du couloir vienne à la rencontre des deux comparses, flanqué d'une plantureuse compagne. « Lena ? Quelle coïncidence, moi qui pensais ne jamais te recroiser ! » Le bougre, c'est qu'il semblerait presque convaincant dans son rôle d'ancienne connaissance aux anges de la retrouver. À tel point, qu'elle ferait presque fonctionner ses méninges dans le but de replacer un nom sur ce visage pourtant totalement inconnu. « Tu te souviens de moi, tu sais Cal ? » qu'il continue en s'accaparant deux chaises à une table voisine pour sa copine et lui-même. « Oh, oui, évidemment, comment t'oublier Cal.. » La réponse est balbutiante, pourtant cela n'arrête guère l'illustre inconnu qui se réjouit de minute en minute. Mais ce sentiment euphorique semble sur le point de s'effriter à la seconde où une simple question s'échappe de la bouche du rendez-vous de la Rhodes. « Vous vous connaissez comment, Silena ? Sans vouloir être indiscret. » Si la jeune femme manque de s'étouffer avec sa gorgée de vin, l'adonis qui vient de lui agripper le genou parait sur le point d'exploser de joie. « C'est une drôle d'histoire, n'est-ce pas mon ange ? Bien moins glamour que notre jolie princesse actuellement. On se connaît du lycée, lorsque Lena et ses copines se sont lancé un pari à l'approche du bal d'hiver. Interromps-moi si j'me trompe. Mais c'est elle qui est venue me proposer de l'accompagner au bal, le but étant qu'une des trois y aille avec un membre de l'équipe de football. Bien sûr, j'ai accepté ! Comment lui résister ? J'étais loin de m'imaginer qu'au lieu de tirer mon coup, que la demoiselle irait jusqu'à partager sa pizza avec moi en vomissant sur mes pompes. » La clameur est général, et le fou rire menace de faire perler des larmes aux coins des yeux de la bimbo qui accompagne le fauteur de troubles. Pourtant, la Rhodes serre les dents et dévisage intensément son sauveur ou bourreau. Sans savoir ni pourquoi, ni comment, sa curiosité est piquée au vif. Ce qui semble par ailleurs se refléter dans les prunelles du faux cavalier, qui ne la quitte pas non plus du regard.

(I — so imperfect, so weak, so unspeakably lonely)

Ce triste retour à la réalité a un goût âpre pour la jeune femme. La romance tant divinisée et attendue depuis sa plus tendre enfance, semble d'ores et déjà battre de l'aile. Bien malgré elle, ses sentiments ne paraissent plus suffisamment puissants pour sauver une union embrasée par le feu de l'évidence. Tiger et elle ne pouvaient guère rêver d'une relation longue et pérenne, la gamine s'est pourtant évertuée à attiser la flamme de la passion et à la préserver à n'importe quel prix. Aujourd'hui, c'est bien amèrement qu'elle s'aperçoit ne pas être de taille à conserver ce semblant de foyer parfait. Les rêves sont plus forts et persistent, et en observant le pâle reflet de leur mariage à peine consommé, Lena se fustige d'avoir été aussi naïve. Elle est à la fois en compétition avec les fantômes d'un passé idolâtré par son époux. Mais également avec les entités prohibées d'un futur plus alléchant, sans qu'elle le sache encore, fort heureusement. Depuis l'incarcération de Tiger, elle n'est que le reflet de cette femme s'étant dirigée devant l'autel sacré. Les attentes s'envolent pour de nouvelles contrées, tout comme le myocarde bat fébrilement pour une autre chair qu'elle rêve de flanquer de ses ardents baisers.

bienvenue sur le forum
bon courage pour ta fiche